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Les Allemands vus par les Français
La situation linguistique n'est qu'un aspect du conflit identitaire qui caractérise l'Alsace. Les incessants changements d'appartenance politique ont laissé de vives cicatrices, qui se manifestent sous la forme de ressentiments, de rejet, voire de haine. Des frontières mentales se sont érigées, dont les effets sont parfois plus durables que ceux des frontières politiques. Après l'ouverture des frontières dans le cadre du processus d'intégration européenne, il s'agit à présent d'effacer ces frontières mentales qui génèrent encore des images de l'ennemi, car le simple voisinage est loin de garantir une approche de "l'autre" juste et nuancée (cf. Landeszentrale für politische Bildung, 1996, p. 4).
L'exemple des relations franco-allemandes et de "l'image de l'autre" illustre bien à quel point les conflits historiques ont pu marquer la perception réciproque. Il faut ce faisant tenir compte du fait que ces représentations ne sont pas statiques, qu'elles n'ont au contraire pas cessé d'évoluer au cours de l'histoire. Pendant la Révolution Française (1789-1799), un étroit contact s'établit entre les classes supérieures des sociétés allemande et française à travers l'émigration d'une partie de la noblesse française vers l'Allemagne, ce qui contribua à forger au sein de l'élite française une image essentiellement positive de l'Allemagne.
La guerre franco-prussienne de 1870/71 vint cependant briser l'image - reposant sur des connaissances plutôt fragmentaires - d'une "Allemagne romantique et idyllique". L'Allemagne s'incarna désormais en une Prusse agressive, violente et disciplinée à l'extrême. Cette image de la Prusse marque quelquefois encore aujourd'hui la vision française de l'Allemagne. On la retrouve par exemple dans les caricatures de Jean-Jacques Waltz, alias "Hansi" et de Tomi Ungerer [2] , qui a représenté les rapports franco-allemands de façon particulièrement expressive.
Fig. 29
L'image du Prussien: l'ennemi
Dans de nombreuses caricatures de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles, l'Allemagne est incarnée par l'image d'un Prussien agressif, violent et surdiscipliné.
Source: Ursula Koch, Voisins et ennemis: La guerre des caricatures entre Paris et Berlin (1848-1890). In: J.-C. Gardes et D. Poncin (éd.): L'étranger dans l'image satirique. Poitiers 1994, p. 73-96
Fig. 30
Les Allemands vus par Hansi dans "L'Alsace heureuse"
Les caricatures de Hansi, alias J.-J. Waltz, peuvent paraître au premier abord bienveillantes. Dans le détail, elles se révèlent cependant d'une ironie mordante, voire même être sarcastiques.
Source: Daniel Poncin, En Pays mal conquis: Les Allemands vus par l'Alsacien Jean-Jacques Waltz, dit Hansi. In: J.-C. Gardes et D. Poncin (éd.): L'étranger dans l'image satirique. Poitiers 1994, S. 135-158
Fig. 31
Page de couverture du livre "Professor Knatschke" de Hansi. (Mulhouse 1913)
L'érudit allemand, le gendarme, la famille bourgeoise sont chez Hansi des motifs récurrents, représentés dans des situations stéréotypées de la vie quotidienne.
Hansi n'a pas été très populaire que de son vivant. Ses caricatures sont encore très répandues aujourd'hui en Alsace et marquent toujours de leur sceau l'image de l'Allemand.
Source: Daniel Poncin, En Pays mal conquis: Les Allemands vus par l'Alsacien Jean-Jacques Waltz, dit Hansi. In: J.-C. Gardes et D. Poncin (éd.): L'étranger dans l'image satirique. Poitiers 1994, p. 135-158
Fig. 32/33
L'Allemagne et la France dans les caricatures de Tomi Ungerer
Dans les caricatures de Tomi Ungerer, les souffrances causées par la Seconde Guerre mondiale et le régime nationalsocialiste jouent un rôle particulier. Une partie de son œuvre est née pendant la guerre.
Les caricatures de Tomi Ungerer illustrent particulièrement bien combien le passé récent a marqué l'image que les Français se font des Allemands. De nombreuses caricatures représentent les souffrances incommensurables que les deux pays se sont infligés.
Les trois guerres qui se sont déroulées en un peu moins d'un siècle (1870/71, 1914-1918 et 1939-1945) ont marqué de leur empreinte la vision française de l'Allemand jusqu'à en faire une "image de l'ennemi". Il n'est donc pas étonnant que les voisins d'outre-Rhin soient arrivés les derniers dans la cote française de popularité des années 1960. Malgré la reprise d'une coopération franco-allemande et la réconciliation amorcée après 1945, surtout depuis le début des années 1960, la "germanophilie" est restée tout d'abord en France l'affaire des meneurs d'opinion. Les Allemands occupaient la dernière place auprès du grand public, comme le montre le graphique suivant (cf.: Kolboom, 1991, p. 219).
Fig. 34
La sympathie des Français pour les autres peuples dans les années 1960
(en vert les plus sympathiques, en bleu les plus antipathiques)
Source Internet [5]
Les rapports ont changé au milieu des années 1970. Depuis, les Allemands sont toujours arrivés en tête des "meilleurs amis" dans le grand public. Aujourd'hui, "l'image de l'ennemi" désignant le voisin semble appartenir au passé. "L'Allemand stéréotypé" disparaît lentement pour faire place à une image plus nuancée de l'Allemagne, plus marquée par une approbation amicale, une curiosité accrue et la reconnaissance de similitudes et de points communs (cf.: I. Kolboom, 1991, p. 219).
Liens:
- [1]http://www.zollgeschichte.de/wappen.htm#karikatur
- [2]http://www.dhm.de/ausstellungen/ungerer/Start.htm
- [3]http://www.dhm.de/ausstellungen/ungerer/kapitel4.htm
- [4]http://www.dhm.de/ausstellungen/ungerer/kapitel2.htm
- [5]http://www.dhm.de/lemo/objekte/statistik/DieZuspitzungDesKaltenKrieges_umfrageDeutschlandbildFranzosen/index.html