Rhône-Alpes couvre une superficie d'environ 43.700 km2, soit un peu plus que toute la Suisse. Seule la région Midi-Pyrénées est plus vaste. La population (5.645.407 habitants en 1999) est à comparer avec celle du Danemark ou encore de la Finlande. Derrière l'Ile-de-France, Rhône-Alpes a donc la population la plus forte parmi les 22 régions françaises. Ainsi, 9,6 % de la population française vivent sur 8 % de la superficie. Cela donne une densité de 129 h/km2 (France: 107), bien supérieure à la moyenne nationale. Rien que dans l'espace du "Grand Lyon ^[1] " se concentrent 1.167.086 habitants, soit 1/5 de la population de la Région, tandis que la ville de Lyon ^[2] , avec 445.452 habitants, ne pèse que pour 38,1 % dans l'ensemble de l'agglomération. La Région est limitrophe avec des espaces voisins densément peuplés: plus de 12 millions d'habitants vivent dans une périphérie de 200 km de large.

Après l'Ile-de-France, Rhône-Alpes est la plus puissante région économique française (à peu près 10 % du PIB national). Au sein de l'Europe, elle est un espace dont le dynamisme est supérieur à la moyenne. Tous les indicateurs statistiques se placent au-dessus de la moyenne nationale: PIB (24.113 €/h en 2000), taux d'exportation (11,3 % des exportations françaises en 2000), niveau de qualification professionnelle, croissance démographique. En dessous de la moyenne nationale se situe en revanche le taux de chômage (8,6 % contre 9,9 % au 2e trimestre 2003). La région appartient aux dix espaces de l'Union européenne à avoir l'économie la plus prospère.

Par comparaison avec la plupart des autres Régions françaises et en rapport avec sa structuration spatiale, la disposition du réseau urbain rhônalpin ^[4] est beaucoup plus harmonieuse, traduisant ainsi un aménagement du territoire équilibré. Il n'empêche que pratiquement 80 % des habitants vivent dans des villes ou des espaces péri-urbains.

Certes demeurent dans les montagnes de la région des secteurs enclavés et difficiles d'accès. Mais court à travers Rhône-Alpes ce que Elisée Reclus désignait en 1877 comme le grand axe des peuples, en mentionnant le fossé Saône-Rhône. Rhône-Alpes est bien la seule région française à posséder des axes naturels de communication Nord-Sud et Est-Ouest, même si ces derniers sont plus modestes. Le fossé Saône-Rhône est séparé par des seuils à basse altitude du Bassin de Paris et de la dépression haut-rhénane. Dans sa partie médiane, des vallées transversales dans les arcs alpin et jurassien facilitent les relations avec l'Italie et la Suisse voisines; de l'autre côté, à l'Ouest, les vallées de la Brévenne, du Gier et de la Turdine sont autant de pénétrantes vers le centre de la France.

Dans les faits, le couloir Saône-Rhône est depuis longtemps un axe de peuplement et de communications à l'échelle européenne. Dès l'époque préhistorique, il exerce un rôle important dans les interrelations entre l'Europe centrale et occidentale et les espaces méditerranéens, à la population et à la civilisation singulière. "Si la signification de la vallée du Rhône en tant qu'axe de communication est primordiale, c'est que très tôt ont été établies des routes profitant de conditions favorables. Cette vallée est une authentique colonne vertébrale de l'Europe dès les origines de la civilisation occidentale en Méditerranée, et aucune autre nation européenne ne dispose d'un semblable vecteur de civilisation et de culture qui puisse avoir pareille importance. Sans cette percée, la France serait hermétiquement séparée du monde méditerranéen et serait restée peut-être comme l'Allemagne un pays tourné vers le Nord" (A. Pletsch, 1995, 13).

En tant qu'espace nodal au sein du "couloir entre les montagnes", la Région Rhône-Alpes peut se prévaloir d'occuper une position centrale dotée d'un rôle de charnière. Cela se vérifie avant tout par les flux de trafic. Et comme Région accolée aux frontières, elle entretient depuis longtemps des relations économiques et sociales avec la Suisse et l'Italie (transferts de capitaux, migrations de travail).