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'Le rapport à l'autorité: contrastes franco-allemands'
 
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Le rapport à l'autorité: contrastes franco-allemands

La progression des valeurs libérales susceptibles de favoriser l'épanouissement personnel, surtout chez les personnes hautement qualifiées, s'accompagne dans les deux pays d'une attitude chaque jour plus critique vis-à-vis de l'autorité. Cette attitude s'affirme toujours plus par le fait que les rapports d'autorité - parents-enfants, professeur-élèves et supérieurs-subordonnés dans le monde du travail - sont de plus en plus remis en question. C'est sur ce point qu'apparaissent de considérables différences entre l'Allemagne, et plus précisément sa partie occidentale, et la France. Celles-ci vont à rencontre des clichés les plus répandus des uns sur les autres, à savoir celui de l'Allemand soumis à l'autorité et celui du Français rebelle. Parmi les expériences les plus caractéristiques des élèves et des étudiants ouest-allemands qui font un séjour d'échange linguistique en France - et réciproquement -, on remarque que le rapport professeur-élève en France est davantage marqué par des schémas traditionnels d'autorité et par un style plus direct qu'en Allemagne de l'Ouest.

Fig. 9

Es gehört zu den ganz typischen Erfahrungen westdeutscher Austauschschüler und -studenten in Frankreich und umgekehrt, dass das Lehrer-Schüler-/Studenten-Verhältnis in Frankreich durch traditionellere Autoritätsmuster und einen 'frontaleren' Stil geprägt ist als in Westdeutschland"

Source Internet [1]

Des expériences semblables ont été réalisées dans le cadre de la brigade franco-allemande par des recrues des deux pays ainsi que par des salariés allemands dans des entreprises françaises et vice versa: dans les deux cas, la structure hiérarchique entre supérieurs et subordonnés s'avère plus rigide du côté français. On peut observer le même phénomène, par exemple chez les hommes politiques soucieux du respect dû à l'autorité: cette dernière est mieux préservée en France qu'en République fédérale, tant en ce qui concerne un simple maire que pour le président de la République. Selon des sondages effectués au début des années quatre-vingt-dix, les Français étaient sensiblement plus nombreux que les Allemands de l'Ouest à considérer que davantage de respect devant l'autorité serait chose souhaitable.

Ces différences sont beaucoup moins grandes entre les Allemands de l'Est et les Français. On peut en déduire que l'attitude plus critique des Allemands de l'Ouest envers l'autorité, qu'on retrouve surtout exprimée par les générations de l'après-guerre, peut être considérée comme une conséquence de la révolte antiautoritaire de 1968. La querelle souvent douloureuse, et pourtant délibérément suscitée, des soixante-huitards avec la génération de leurs parents, la dictature nationale-socialiste et le culte allemand de l'obéissance ont laissé des traces profondes sur l'ensemble de l'échelle de valeurs des Allemands de l'Ouest. Elle a considérablement contribué à armer la démocratie ouest-allemande contre d'éventuelles rechutes autoritaires. Si l'on y considère la mutation des valeurs sociales sur une plus longue période, environ depuis le Reich de Guillaume II, il y a fort à parier que la rupture majeure avec les traditions d'antan se trouve justement au niveau des relations avec l'autorité.