- Les relations culturelles franco-allemandes
- Ni indifférence ni euphorie. De nouvelles perspectives pour les échanges culturels
- Le dilemme de la fausse perception
- La barrière linguistique
- Une sémantique historique différente
- La peur d'être menacé rend difficile une vision différenciée
- Une déformation intentionnelle de perception
- Le double rôle du discours stéréotypé franco-allemand
- Valeurs et changements de valeurs en France et en Allemagne
- Les nouvelles exigences du secteur culturel
- Un objectif - Plusieurs voies? La culture comme dimension de l'intégration européenne
- France - Allemagne: traduire - mettre en scène
- Réinterpréter les formes culturelles d'expression dans des contextes européens
- Médias et communication
Vous êtes ici: Deuframat > ... > Mêmes mots, autre sens ?
Mêmes mots, autre sens ?
Paradoxalement, c’est après l’acquisition de la compétence linguistique que commencent les véritables problèmes. Dans son esquisse autobiographique destinée au public français, "Un Allemand né de la dernière guerre", Lothar Baier résume le dilemme de la manière suivante : "Bien qu’on utilise les mêmes mots ici et là, on entend autre chose". En partant des termes "pacifisme" et "Friedensbewegung", il démontre que la signification différente des deux notions a conduit à une fausse idée de la "Friedensbewegung" allemande dans une partie des médias français. (6)
Fig. 6
Les animaux parlent eux aussi différentes langues selon les pays. Ainsi, le chien allemand avec son wau-wau (ou aussi wuff-wuff) ne pourra-t-il pas forcément se faire comprendre à l'étranger. Le chien fait en effet ouah-ouah en France, guau en Espagne, bau-bau en Italie et bow-wow en Angleterre. Les chiens roumains disent ham-ham. Le chien basque zaun, le russe gav, tandis que le chien estonien se contente d'un simple auh. Personne ne comprend le chien turc avec son kuçukuçu. Mais les chiens les plus drôles viennent de Catalogne: quand ils aboient, ils font bup bup.
Source Internet [1]
Alors qu’en 1977 le journal "Libération [2] " s’était solidarisé avec le mouvement de protestation de "l'automne allemand" en l’appelant "un immense espoir pour la démocratie", le même quotidien joignait sa voix à ceux qui dénonçaient en 1980 l’antimilitarisme comme nouvelle version du nationalisme allemand et traitaient ses partisans de "capitulards pacifistes" et de collaborateurs de Moscou. Cette volte-face a fait que même les intellectuels de gauche francophiles, se sentant mal compris, se sont détournés de la France, d’autant plus déçus qu’ils avaient vu dans les mouvements de protestation qui avaient bouleversé la société française jusqu’en 1976 un modèle possible pour des changements révolutionnaires dans leur propre pays. Cette déception, renforcée par le revirement pragmatique de la politique socialiste, a fait que les relations entre les gauches des deux côtés du Rhin ont atteint au milieu des années 80 "le point zéro absolu" (Hans Christoph Buch). Cet exemple illustre bien cette non-simultanéité des réactions des intellectuels français et allemands aux défis communs.
__________________
Notes
(6) Lothar Baier, Un Allemand né de la dernière guerre, Bruxelles, 1985, pp. 7 et 104.