Dans les années à venir, l'enjeu principal de la politique extérieure allemande sera le projet d'améliorer la capacité d'action de la Politique Etrangère et de Sécurité Commune (PESC, en allemand GASP). A travers son ouverture à des pays d'Europe de l'est et du Bassin Méditerranéen, l'Union Européenne en tant que macro-région se rapproche de sa configuration définitive. En même temps elle est de plus en plus difficile à manoeuvrer, de plus en plus opaque et est devenue un bouc émissaire pour des courants populistes de toutes sortes. La réforme des structures de décision, davantage de transparence et de démocratisation, l'ancrage d'une dimension européenne dans le schéma des identités collectives des Européens, peut-être même la rédaction et l'adoption par le Parlement d'une Constitution européenne: tous ces sujets sont à l'ordre du jour politique.

La formation d'une politique extérieure et de sécurité commune capable de fonctionner fait également partie de ce cercle de tâches, et ce avec une grande priorité. Cela est plus facile à dire qu'à faire, car il ne s'agit pas seulement de combiner et d'amalgamer différents intérêts nationaux, il faut aussi renforcer et améliorer la compatibilité des différents styles de politiques extérieure issus de différentes cultures politiques et avec comme toile de fond des passés nationaux très différents.

La politique extérieure allemande jouera ici un rôle primordial, et de son succès dépendront la vitesse avec laquelle le processus évoqué ci-dessus se déroulera ainsi que d'éventuels contrecoups. Le fait que règne dans les sphères de la politique extérieure des Etat européens l'idée qu'il n'existe aucune alternative sensée à ce développement n'est pas d'un grand secours - à moins que l'Europe ne renonce à participer au façonnement de la politique qui ne cesse de se globaliser. La possibilité d'un échec n'est en aucun cas exclue.

Ici aussi, comme par le passé pour le processus l'intégration européenne, il apparaît clairement que le duo France-Allemagne joue un rôle essentiel. La rhétorique quelque peu doucereuse de l'amitié franco-allemande ne trompe cependant pas sur le fait qu'il existe ici des déficits et que les deux grandes puissances européennes sont loin d'utiliser de manière optimale les effets de synergie de leurs politiques étrangères et de sécurité.