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- La guerre franco-allemande de 1870-71
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- La Première Guerre mondiale dans la conscience collective des Allemands et des Français
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- Allemands et Français: de la "haine héréditaire" à l'amitié, 1945-1963
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- Marianne (et Michel, aux côtés de l'Oncle Sam) au vent frais des années 40 et du début des années 50
- Le petit chaperon rouge et le grand méchant loup de RFA
- Michel et Marianne chez Beier-Red - un cas particulier
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Le choix de Marianne
Le répertoire des caricatures englobe des formes très variées d'évocation d'un pays ou d'un État. Celle-ci peut être réalisée par ex. à l'aide de drapeaux et d'emblèmes, d'ouvrages d'art employés de façon métonymique (Tour Eiffel, Porte de Brandebourg, etc.), de personnalités historiques et d'hommes politiques du temps présent, et aussi, d'allégories nationales. Ces dernières sont particulièrement appropriées pour notre étude, car elles se rapportent à un pays entier, et n'évoquent pas uniquement un aspect particulier de sa politique. Pour cette raison, et aussi par souci d'obtenir un corpus bien délimité, nous nous concentrerons en suivant sur ces allégories nationales. L'accent sera mis sur les années 50, car c'est une période durant laquelle la France a joué un rôle spécifique plus net qu'avant et après. C'est précisément pendant cette décennie que l'on peut identifier une image de soi pertinente et claire de la RDA par le biais de l'image de l'autre: les images de Marianne sont autant d'autoportraits indirects de la RDA.
Marianne est bien sûr plus qu'une simple allégorie nationale. De par ses origines, elle est bien plutôt une déesse de la liberté. M. Agulhon a retracé en détail la façon dont ce personnage est devenu en un l'incarnation de la République et de la France, au fil d'un combat d'un siècle (3). A la différence du Michel allemand, Marianne a été rapidement connue et acceptée à l'étranger. En Allemagne, elle a été reconnue comme représentante nationale; d'autre part, sa signification originelle y a été réactualisée, plus exactement: elle a été déterritorialisée, détachée de la France et mise en scène dans des contextes allemands comme championne de la liberté et de la justice sociale, comme l'illustrent bien les affiches de 1er mai de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Mais elle continuera aussi à jouer un rôle dans le mouvement ouvrier pendant la République de Weimar; elle fera par ex. de la publicité pour des Jeux Olympiques ouvriers en faisant de l'équilibre sur un ballon représentant le globe terrestre (4).
Le personnage de Marianne est inspiré de la déesse de la liberté. La représentation la plus célèbre est sans doute le tableau du peintre Eugène Delacroix: La liberté guidant le peuple (1830, Musée du Louvre)
Source Internet [1]
Le Troisième Reich est venu interrompre ce schéma traditionnel. En RFA, le contenu républicain de ce personnage n'a pas été réactualisé, même au sein de la gauche politique et syndicaliste. Marianne est devenue une abréviation commode pour désigner la France, sans que des contenus politiques y soient rattachés. Cette allégorie nationale, généralement légèrement frivole, mais politiquement terne, a pu ainsi devenir la partenaire idéale d'un Michel allemand dépolitisé, naïf et un peu balourd.
Nous montrerons en suivant qu'il en va autrement en RDA. Marianne y a été très politisée et mise en scène comme une très mythique pasionaria républicaine. Les caricaturistes est-allemands ont ce faisant renoué avec des traditions graphiques françaises, mais aussi allemandes, délaissées en République fédérale, constituant ainsi un net contraste avec le répertoire graphique de la satire ouest-allemande. La formation d'un langage iconographique est-allemand spécifique - de nette inspiration française - sera retracée en suivant, en relation avec le personnage de Marianne.
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Notes
(3) Maurice Agulhon: Marianne au combat. Flammarion, Paris 1979; Id., Marianne au pouvoir. Flammarion, Paris. 1989; Id./Pierre Bonte: Marianne. Les visages de la République. Gallimard (Découvertes), Paris 1992.
(4) Cf. Herbert Anger: "Arbeiterolympiade". In: Lachen links 307 1925, p. l, cité d'après Udo Achten (dir.): Lachen links: Das republikanische Witzblatt 1924-1927. Dietz Nachf., Bonn 1985 (on y trouvera encore de nombreux autres exemples).