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- La Première Guerre mondiale
- La Première Guerre mondiale dans la conscience collective des Allemands et des Français
- Le traité de paix de Versailles - un bilan
- La France et l'Allemagne dans la Deuxième Guerre mondiale
- Travailleurs forcés français en Allemagne (1940-1945)
- Allemands et Français: de la "haine héréditaire" à l'amitié, 1945-1963
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- Marianne (et Michel, aux côtés de l'Oncle Sam) au vent frais des années 40 et du début des années 50
- Le petit chaperon rouge et le grand méchant loup de RFA
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Caricatures et conscience collective
Comme tout travail de recherche sur les structures mentales, notre reconstruction d'images de la France doit veiller à mettre en lumière si possible les facettes pertinentes et représentatives, et non pas seulement fortuites, contingentes. L'une des voies royales pour explorer le passé récent consiste à recourir aux textes de presse. Par ailleurs, l'intérêt particulier que nous portons aux dessins de presse repose sur une conviction que Karl Eugen Schmidt a formulée au début du siècle, en référence certaine aux relations franco-allemandes:
"Je crois que les opinions et vues du peuple dans sa vérité intrinsèque ne se reflètent nulle part mieux que dans les caricatures [...]. Une caricature à laquelle nous jetons un seul coup d'œil nous en dit tout autant que le plus long des éditoriaux [...]. La caricature nous apporte la quintessence de l'opinion publique; c'est en elle que se cristallisent les sentiments et points de vue du peuple. Si nous voulons connaître l'opinion d'un peuple sur un sujet particulier, à une époque donnée, le mieux est d'étudier ses caricatures" (1).
Les caractères propres au genre de la caricature corroborent cette affirmation. Les dessins de presse satiriques sont conçus pour avoir un impact intellectuel et affectif immédiat. Bien que l'impératif soit de provoquer une première réaction rapide, le dessin peut cependant aussi être complexe et présenter plusieurs niveaux de compréhension qui se révèlent peu à peu. Les bonnes caricatures associent l'effet instantané et l'effet à long terme. Mais l'effet immédiat n'a lieu que si le dessinateur et le lecteur disposent d'un répertoire graphique en grande partie identique et si cette concordance recouvre également des connotations subtiles. Le dessinateur doit donc connaître exactement et prendre en compte le savoir, le vécu et les attentes de son public. Son répertoire graphique ne peut pas viser en premier lieu une expression artistique propre, mais reflète bien plutôt le savoir culturel, la conscience de masse et des schémas de perception et de jugement collectifs.
Pour K. E. Schmidt, la caricature politique n'était la "quintessence de l'opinion publique" que dans les systèmes et aux époques de "liberté de la presse". En effet, dans les pays et systèmes où la politique de presse est dirigée par l'État, l'opinion propagée (au sens de publiée) dans les médias peut diverger considérablement des opinions largement répandues, voire même leur être diamétralement opposée.
Logo du magazine satirique Eulenspiegel. Issu du magazine satirique Frischer Wind ("Vent frais"), Eulenspiegel était le seul forum public satirique de RDA où la critique était possible entre les lignes, et où les caricaturistes pouvaient s'exprimer librement.
Source Internet [1]
A travers l'examen du magazine satirique Eulenspiegel, qui paraît sous ce titre depuis 1954 (auparavant Vent frais, depuis avril 1946), nous voulons tenter de limiter ce dilemme autant que possible: à la différence d'autres périodiques, dont le grand tirage ne correspondait nullement à une demande réelle, Eulenspiegel n'a que rarement satisfait la demande du public (2). Son tirage a été restreint par le contingentement du papier et aurait pu être beaucoup plus important, selon les déclarations de l'équipe du magazine et de lecteurs potentiels dont les demandes d'abonnement n'ont pas pu être satisfaites. Même s'il est difficile de la mesurer exactement dans les systèmes d'économie de marché, la demande clairement mise en évidence constitue un indice de l'intérêt réel, de l'acceptation de l'offre -, donc - y compris dans un contexte de production et de réception de type socialiste étatique -, de la concordance globale entre l'opinion publiée et les attentes du public.
Comme les amateurs de satire comptent, dans tous les systèmes et régimes, parmi les esprits critiques et très politisés, nous osons affirmer que l'organe de presse que nous avons retenu reflète, dans le cadre du système en vigueur, quelque chose comme "la plus grande conscience critique susceptible d'être publiée".
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Notes
(1) Schmidt, Karl Eugen: Deutschland und die Deutschen in der französischen Karikatur seit 1848. Müller. Stuttgart 1907, p. 9.
(2) Ces énoncés reposent avant tout sur les entretiens menés en 1994 avec deux journalistes du magazine Eulenspiegel, Hartmut Berlin (rédacteur en chef) et Ernst Röhl.