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- Le mariage comme sacrement
- Les débats sur le mariage vers 1800
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- Les mariages transfrontaliers entre Alsaciens et Allemands à Strasbourg entre 1871 et 1914
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L'amour romantique
L'idée d'amour au sein du couple est un vieux postulat chrétien. Jusqu'en 1750, on ne jugeait cependant pas nécessaire que les futurs époux éprouvent des sentiments l'un pour l'autre avant le mariage. Par amour, on entendait moins une forte relation émotionnelle que le fidèle accomplissement des tâches domestiques. L'érotisme ne jouait aucun rôle dans les conceptions traditionnelles du mariage, la sexualité étant vue comme un péché, et considérée comme tolérable seulement dans le mariage, et ce uniquement dans le but d'avoir des enfants. La littérature n'abordait par exemple l'érotisme qu'à travers les rapports extraconjugaux. L'Église avait bien sûr une nette position dans ce domaine.
Le XVIIIe siècle connut un radical changement d'idées. L'ancienne conception de l'amour fut peu à peu remplacée par celle des Lumières, qui faisait place aux sentiments. C'est ainsi que l'écrivain anglais Daniel Defoe [1] , l'auteur de Robinson Crusoé, énonça dans un ouvrage devenu par la suite populaire en Allemagne que le mariage ne peut se déclarer légitime s’il ne repose pas, avant que d’être conclu, sur un amour chaleureux, sincère et solide ("Conjugal Lewdness, or, Matrimonial Whoredom", 1727).
Cette "émotionalisation" du mariage atteignit son point culminant dans le romantisme alle-mand. Les auteurs romantiques, avant tout Friedrich Schlegel [2] , propagèrent une conception très radicale du mariage. Pour Schlegel, la fusion totale de l'homme et de la femme, condition essentielle du mariage, était même plus importante encore que les aspects juridiques, économiques ou pratiques. Schlegel a exposé sa conception de l'amour de façon particulièrement impressionnante dans son roman Lucinde, accessible en version en ligne [3] , notamment dans le fragment "Dithyrambische Phantasie über die schönste Situation [4] ", qui représente le modèle littéraire de nombreuses lettres d'amour de l'époque. L'idée que Schlegel se faisait du mariage reposait sur l'expérience réelle de son union libre avec Dorothea Veit.
Cette émotionalisation prononcée du mariage eut certains effets secondaires: elle éclipsa l'idée de contrat, l'idée centrale de relation fusionnelle s'opposant à une réglementation juridique du mariage, ce qui montre que l'on peut à la fois progresser dans un domaine et régresser dans un autre. De plus, les feux ardents de l'amour romantique se refroidirent sensiblement lorsque l'influence de Schlegel commença à s'atténuer. L'aspect moral de la relation entre l'homme et la femme passa au premier plan au XIXe siècle, comme l'illustre bien l'ouvrage de Georg Wilhelm Friedrich Hegel [5] , "Grundlinien der Philosophie des Rechts" (Principes de la philosophie du droit [6] ).
Liens:
- [1]http://gutenberg.spiegel.de/autoren/defoe.htm
- [2]http://gutenberg.spiegel.de/autoren/schleglf.htm
- [3]http://gutenberg.spiegel.de/schleglf/lucinde/lucinde.htm
- [4]http://gutenberg.spiegel.de/schleglf/lucinde/lucin031.htm
- [5]http://gutenberg.spiegel.de/autoren/hegel.htm
- [6]Les principes de la philosophie du droit de Hegel