- Le Rhin comme enjeu historiographique dans l'entre-deux-guerres - vers une histoire des mentalités frontalières
- Intérêt pédagogique
- Problématique
- Poursuivre les hostilités par d'autres moyens
- Enrayer l'antagonisme
- Guerre et pacifisme dans le Canard enchaîné des années 1930
- Guerre et propagande dans le Simplicissimus après 1933
- L'image de l'Autre dans la propagande satirique des années 1930
- Bibliographie
- Terres convoitées: L'Alsace et la Lorraine entre la France et l'Allemagne
- L'Alsacien Jean-Jacques Waltz alias Hansi: ses textes et dessins anti-allemands et leur utilisation en cours d'histoire
- Lieux de mémoire : le culte politique des morts en France et en Allemagne
- Guerre et réconciliation
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Le poids des stéréotypes
Dans les sources françaises et allemandes de l'Entre-deux-guerres on discerne un certain nombre de stéréotypes concernant le pays voisin. Ceux-ci ont parfois une teneur laudative, mais le plus souvent péjorative : moqueuse ou ouvertement accusatrice. Ce sont avant tout les " portraits de peuples " que contiennent les manuels de géographie de cette époque qui pérennisent les stéréotypes nationaux (document 10 [1] ).
Malgré toute sa volonté d'adopter une attitude critique, tenant compte des différents points de vue, Jules Isaac lui aussi évoque le penchant allemand à l'ordre et à la discipline et un " tempérament national " porté à la fidélité, à l'obéissance, réfractaire à l'anarchie. Ce stéréotype associé à la Prusse trouve son origine dans l'image de Frédéric II de Prusse, que les manuels français dépeignent longuement, et plutôt avec admiration (document 11 [2] ).
En revanche, le pangermanisme expansif et militariste, ressenti comme une menace pour la France, est dénoncé sans ambages par les auteurs des manuels français. Le stéréotype du " Boche ", lourd, grossier, aspirant à la domination mais dépourvu de finesse, évidemment péjoratif, est repris avec prédilection dans le Canard enchaîné de l'Entre-deux-guerres. Il est tout à fait révélateur que le journal satirique français, pacifiste, en fasse plutôt une arme de propagande contre les nationalistes français qui, selon le Canard, font preuve d'une méfiance abusive à l'égard de l'Allemagne (document 12 [3] ).
Du côté allemand, le stéréotype de la France plantureuse, des Françaises et Français frivoles mais peu dynamiques, voire décadents du fait du mélange racial avec les populations immigrées, se trouve dans le journal satirique Le Simplicissimus comme dans les portraits de peuples que contiennent les manuels de géographie de l'époque. L'argument du déclin racial à cause du mélange avec les Noirs existe dans les manuels comme dans la presse dès les années 1920 (cf. document 3). Les connotations laudatives sont très rares, voire inexistantes, dans les stéréotypes allemands au sujet de la France de l'Entre-deux-guerres (document 13 [4] ).
Aujourd'hui, tous ces propos peuvent nous paraître désuets, ayant juste valeur de curiosités. Mais n'oublions pas que les stéréotypes ont la vie dure, que chacun et chacune d'entre nous, volontiers ou non, y a recours tous les jours, parce que les idées toutes faites, prêtes à l'emploi, offrent à l'esprit des solutions de facilité et permettent de gagner du temps. Lorsque ces idées préconçues comportent un message d'hostilité ou de haine, il convient de s'interroger sur leur fondement, pour éviter qu'elles deviennent réellement sources de conflits.