- Le Rhin comme enjeu historiographique dans l'entre-deux-guerres - vers une histoire des mentalités frontalières
- Intérêt pédagogique
- Problématique
- Poursuivre les hostilités par d'autres moyens
- Enrayer l'antagonisme
- Le poids des stéréotypes
- Guerre et pacifisme dans le Canard enchaîné des années 1930
- Guerre et propagande dans le Simplicissimus après 1933
- Bibliographie
- Terres convoitées: L'Alsace et la Lorraine entre la France et l'Allemagne
- L'Alsacien Jean-Jacques Waltz alias Hansi: ses textes et dessins anti-allemands et leur utilisation en cours d'histoire
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'L'image de l'Autre dans la propagande satirique des années 1930'
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L'image de l'Autre dans la propagande satirique des années 1930
D'une manière générale, il est apparu que la vision de l'Autre dans la propagande des années 1930, que ce soit sous la dictature ou dans la démocratie, se soumet et s'intègre à une hiérarchie de préoccupations dominée par le contexte international de tensions. L'horizon de perception se rétrécit, le regard fléchit pour mettre en valeur les aspects s'accordant avec les priorités actuelles, il éclipse tout ce qui pourrait déstabiliser un univers mental déjà fragile.
Tout énoncé sert à conforter l'auteur comme le lecteur du propos :
- montrer en 1937 les Allemands s'enthousiasmer sur une fille pianiste qui sait faire des " gammes en forme de croix ",
- dessiner en 1933 un Hitler qui fait sortir une colombe de son canon, confirme le lecteur du Canard enchaîné dans son désir de ne pas voir dans le nazisme une menace pour la paix,
- montrer à maintes reprises, dans le Simplicissimus, les Français réticents à la négociation, tandis qu'en réalité, c'est l'Allemagne nazie qui mise sur le fait accompli pour rendre caduques les stipulations du Traité de Versailles, donne bonne conscience au lecteur allemand qui ne désire pas voir son pays dans la position de l'agresseur.
Sous les contraintes d'une situation conflictuelle et en présence de régimes dictatoriaux, la part de réalité dans la représentation de l'autre a tendance à diminuer de manière spectaculaire : il n'est pas rare de rencontrer des énoncés contraires aux faits.
Tous ces phénomènes lourds d'altération peuvent nous rendre vigilants et sensibles par rapport aux tentatives de manipulation par le discours. De fait, dans ce qui précède, nous avons vu combien la vision de l'Autre est tributaire des mécanismes de la représentation qui répondent aux besoins mentaux momentanés d'un groupe social donné. Les prérogatives d'une stratégie de propagande, de même que le désir viscéral d'une population se sont avérés plus déterminants pour la construction de l'image qu'un certain état de faits vérifiables. L'image de l'Autre est un produit de notre esprit, en intéraction seulement avec la réalité extérieure. Mais ce même esprit, employé de manière critique, nous permet aussi de détecter les déformations de l'image et de résister ainsi à la propagation des ressentiments et de la haine.