- Structures démographiques, migration, minorités
- Les relations sociales et culturelles franco-allemandes depuis 1945
- La conception de la nation en France et en Allemagne
- Les motifs de la mobilité transnationale
- L'échange individuel et organisé entre les sociétés civiles
- Financement public et diversification de l'échange
- La nécessité actuelle de réinventer les relations entre les sociétés civiles
- Bibliographie
- La Province entre l'Empire et la République - Mentalités politiques en Allemagne et en France de 1918 à 1933/36
- 1968 et ses conséquences
- Rencontres au quotidien
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Introduction
Les travailleurs frontaliers ainsi que les voyageurs passant souvent la frontière franco-allemande, ayant fait eux-mêmes l'expérience des relations individuelles entre les deux pays aussi bien avant qu'après la Première Guerre mondiale, témoignent tous de ce que cela était très simple avant 1914 et très compliqué après. En effet, alors qu'avant la Première Guerre mondiale il n'existait que relativement peu d'entraves administratives et psychologiques à la volonté sociale, culturelle ou économique des individus d'établir des contacts dans l'autre pays, on observe au cours du XXe siècle (dans l'entre-deux-guerres et les premières décennies de l'après-guerre) un net accroissement de tels obstacles. On peut donc considérer que les relations entre les sociétés civiles française et allemande avant la Première Guerre mondiale étaient principalement des relations individuelles spontanées, tandis qu'au XXe siècle elles prennent davantage la forme d'une coopération bilatérale organisée.
Cette constatation n'exclut pas l'existence d'un début d'interaction organisée avant 1914, ni la persistance de contacts spontanés entre personnes privées après 1918. Ce visible tournant des relations entre les sociétés civiles entre le XIXe et le XXe siècles est dû à tout un ensemble de facteurs: la tendance à l'élargissement de l'activité de l'Etat dans les deux pays, le développement des moyens techniques dans le domaine des transports et de la communication, la mutation des porteurs sociaux des relations transnationales (de la bourgeoisie à une pluralité de groupes sociaux) ainsi que les conséquences idéologiques du nationalisme intégratif en France et du nationalisme populaire en Allemagne avant et après la Première Guerre mondiale.
Ce n'est que récemment que les relations entre les sociétés civiles française et allemande d'une manière générale ainsi que la coopération entre la France et l'Allemagne à un niveau inférieur à celui de l'action étatique font véritablement l'objet d'une attention scientifique, cependant dans les années 1980-90 on constatait déjà dans les deux pays de rapides progrès dans le cadre de la recherche scientifique sociale et culturelle. De telles recherches ont encore plus fortement acquis droit de cité dans la germanistique universitaire française que dans le romanistique allemande.
Du point de vue de l'histoire de la science, plusieurs évolutions convergent vers ce nouveau domaine de la recherche sur la France. Une fois écarté le caractère obligatoire jusque-là non vérifié des catégories directrices de l'histoire des courants de pensée dans la recherche scientifique sur le pays voisin, la germanistique française et, de manière plus hésitante, la romanistique allemande se sont ouvertes aux questions des sciences sociales et culturelles.