a) Charles – empereur contre sa volonté?

Plusieurs documents racontent ce qui s’est passé à Rome, en hiver 800/801. Cependant la valeur exacte de leurs informations n’est pas toujours claire à la première lecture et, pour s’approcher de la vérité historique objective, il est très utile de comparer soigneusement les différentes sources disponibles. Ici quatre documents vous seront présentés. Comparez d’abord le récit des annales royales avec un passage de la Vie de Charlemagne, écrit par Einhard. Les deux sources datent du neuvième siècle. Tenez compte du fait que les deux documents ne répondent pas toujours aux mêmes questions. Notez les résultats de votre analyse dans le tableau suivant. Qu’est-ce que vous constatez? 

«La veille du jour où Charlemagne devait arriver à Rome, le pape Léon, accompagné des Romains.vint au devant de lui et il lui montra beaucoup de respects et d’égards. Il dîna avec lui en cet endroit et aussitôt après, il repartit pour Rome. Le lendemain, à Rome, il attendit Charlemagne sur les marches de la basilique de Saint-Pierre. Accompagné des évêques, il reçut le roi à sa descente de cheval. Ceci se passa le 24 novembre 800. 
Le 25 décembre, tandis que Charlemagne se levait après avoir entendu la messe, le pape Léon lui mit une couronne sur la tête et tout le peuple des Romains l’acclama en criant: «Vie et victoire à Charles, auguste, couronné par Dieu, grand et pacifique empereur des Romains!»Et après ces acclamations, Charles fut adoré à la manière des anciens empereurs. On l’appela empereur et auguste.» 
D’après Les annales royales, IXe siècle.

«Le dernier voyage qu’il y fit (à Rome) eut encore d’autres causes. Les Romains ayant accablé de violences le pontife Léon – lui crevant les yeux et lui coupant la langue – l’avaient contraint à implorer le secours du roi. Venant donc à Rome pour rétablir la situation de l’Église, fort compromise par ces incidents, il y passa tout l’hiver. C’est alors qu’il reçut le titre d’empereur et auguste… 
Et il s’en montra d’abord si mecontent qu’il aurait renoncé, affirmait-il, à entrer dans l’église ce jour-là, bien que ce fût jour de grande fête, s’il avait pu connaître d’avance le dessein du pontife. Il n’en supporta pas moins avec une grande patience la jalousie des empereurs romains, qui s’indignaient du titre qu’il avait pris…» 
Vie de Charlemagne, paragraphe 28, traduction Louis HALPHEN, opus cité.

Vocabulaire: montrer beaucoup d’égards (m.) à qu – viel Rücksicht auf jmd. nehmen; acclamer qu – jmd. zujubeln; être adoré,e – verehrt werden; accabler qu de violence (f.)- jmd. fortgesetzt mißhandeln; le pontife = le pape; crever les yeux à qu – jmd. die Augen ausstechen; implorer qc – flehentlich um etwas bitten; un dessein – Plan, Vorhaben; s’indigner de qc – sich über etwas empören. 

b) La décision d’un concile qui ne plaisait pas à la cour impériale de Constantinople 

 Charles, aurait-il été mécontent de la scène de couronnement dans la basilique de Saint-Pierre? Tout en fournissant des informations précises sur certains aspects, les deux premiers documents laissent bien des questions ouvertes. Léon, était-il le seul responsable de la décision de couronner le roi franc? Ce couronnement, concernait-il exclusivement les Romains et les Francs? Quelle était son importance européenne et universelle? L’examen des deux documents suivants qui, cette fois, sont traduits en allemand, vous aidera à y voir plus clair. Discutez et comparez les résultats de votre analyse avant de répondre par écrit aux questions sur cette page. 

 Der oströmische Bericht aus Konstantinopel 

 „Im selben Jahr erhoben sich in Rom die Verwandten des seligen Papstes Hadrian [I.], die das Volk auf ihre Seite gebracht hatten, gegen Papst Leo, und nachdem sie ihn gefangengenommen hatten, ließen sie ihn blenden. Sie vermochten aber nicht, sein Augenlicht zum Verlöschen zu bringen... Er floh zum Frankenkönig Karl, der grausame Rache an den Feinden des Papstes nahm und ihn wieder auf seinen Thron einsetzte. Seit jener Zeit steht Rom unter der Macht der Franken. Als Belohnung dafür krönte der Papst ihn [Karl]... zum römischen Kaiser in der Kirche des heiligen Apostels Petrus, nachdem er ihn vom Kopf bis zu den Füßen [hier wird auf die Form der letzten Ölung angespielt, als ob man einen Leichnam zum Kaiser gemacht hätte] gesalbt und ihm das kaiserliche Gewand angelegt und die Krone aufgesetzt hatte.“ 
(Chronik des Theophanes. Breyer, Byzantinische Geschichtsschreiber, VI. S. 132ff.) 

 Bericht der Lorscher Annalen 

 „Und weil es damals bei den Griechen keinen Träger des Kaisernamens gab – denn sie hatten ein Weiberkaisertum [Kaiserin Irene herrschte damals allein (780 – 802), nachdem sie ihren Sohn Konstantin VI. hatte blenden lassen - 797] kamen Papst Leo und alle heiligen Väter, die auf diesem Konzil [die von Karl geleitete Versammlung in Rom, auf der sich Leo am 23.12.800 durch einen Eid von den gegen ihn erhobenen Beschuldigungen reinigte] anwesend waren und das übrige christliche Volk zu der Auffassung, dass man Karl, dem König der Franken, den Kaisernamen geben müsse, da er über Rom herrschte, wo die Caesaren immer ihre Residenz hatten, und über die übrigen [Kaiser-] Residenzen in Italien, Gallien und Germanien [Ravenna, Mailand, Arles, Trier]. Weil der allmächtige Gott alle diese Residenzen in seine Gewalt gegeben hatte, schien es ihnen recht, dass er mit Gottes Hilfe und auf Bitten des ganzen Christenvolkes den Kaisernamen erhalten solle. König Karl wollte sich ihrer Bitte nicht entziehen, sondern er fügte sich in aller Demut Gott und der Bitte der Priester und des ganzen christlichen Volkes und empfing am Tage der Geburt unseres Herrn Jesus Christus den Kaisernamen mit der Weihe durch den Papst Leo...“ 
(Wiener Fragment der Lorscher Annalen) 

1. Comment le couronnement de Charles est-il interprété par la cour impériale de Constantinople? Comment l’attitude de celle-ci est-elle décrite par Einhard? 
2. Qui a pris la décision de couronner Charles empereur d’après les Lorscher Annalen? Quelles raisons étaient données? La réaction de Charles décrite ici, vous paraît-elle probable? Pourquoi (pas)?