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'Points faibles'
 
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Points faibles

Les points faibles de la coopération trilatérale de Weimar sont de nature structurelle et difficilement surmontables. L'importance réduite du Triangle de Weimar est due à plusieurs facteurs. Si les politiques français ne cessent de plaider en faveur d'un renforcement de la coopération franco-germano-polonaise, et veulent même faire du Triangle "l'un des moteurs importants de la construction européenne de demain" (Claire Herrenschmidt, " Le Triangle de Weimar, 'épine dorsale de l'Europe' ?", Institut d'Études Politiques, Grenoble 2002, p. 71), il s'agit là généralement de simples vœux pieux de discours du dimanche, car dans la pratique, la France a fait jusqu'ici surtout preuve de désintérêt.

Fig. 4

Les relations franco-polonaises sont peut-être encore tendues, mais cela n'a pas empêché quelques entreprises françaises d'investir à grande échelle en Pologne, comme le montre l'implantation du supermarché Géant à Varsovie.

 


Source: Dialog 66-67 (2004: 20)

Eu égard à l'essoufflement de Paris face au processus d'élargissement de l'UE et à une certaine aigreur due à la prétendue "récalcitrance" de la Pologne, la France ne changera guère de position - même si le Premier ministre Raffarin a réaffirmé l'importance du Triangle pour Paris lors de sa visite à Varsovie, début décembre 2003. La réserve française est aussi due au deuxième problème structurel de la coopération de Weimar, à savoir à la configuration actuelle des relations franco-polonaises. Il est trop peu de dire que celles-ci ne sont pas très développées (mis à part quelques grands investissements français opérés en Pologne), elles sont ponctuées de tensions et de frictions. En particulier depuis la fin des années 90, la Pologne est aux yeux de la France le cheval de Troie de l'Amérique et un client déloyal. La Pologne, quant à elle, voit surtout dans la France "l'empêcheur d'élargir en rond" de l'UE, l'intraitable donneur de leçons qui ne cesse de critiquer les USA, tout en affichant ouvertement sa position pro-russe. La coopération franco-germano-polonaise souffre aussi en particulier de la coexistence de relations bilatérales d'intensité diverse: à côté d'un moteur franco-allemand doté d'un dense réseau de communication et d'harmonisation, conscient d'être investi d'une mission européenne, on trouve une "communauté d'intérêts" germano-polonaise marquée par une coopération qui s'intensifie à un rythme vertigineux depuis les années 90, et enfin, le fragile couple franco-polonais. Viennent s'y ajouter de considérables écarts de potentiels, en particulier entre la France et l'Allemagne d'une part, et entre la France et la Pologne d'autre part. On ne s'étonnera donc guère que le Triangle de Weimar soit resté jusqu'ici "à la remorque des relations franco-allemandes privilégiées" (Ingo Kolboom). Il n'est pas non plus étonnant que d'autres entités se soient imposées sur le devant de la scène dans la "géométrie fractale" (Petr Robejšek) de l'UE élargie: les "Trois Grands", la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, les "pays de l'Atlantique", la concertation régulière entre la France, l'Allemagne et la Russie, et bien d'autres coalitions spontanées ou alliances durables.

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