Compte tenu de ces réalités, les vieux partenaires de l'UE vont les envisager comme l'Europe de l'Est. Plus à l'Est, conformément à notre carte, commence la mer. Pour prévenir certains mécontentements de la part de nos nouveaux Européens de l'Est, il faut se rappeler comment s'appelait l'Empire, évoqué toujours avec nostalgie dans toute cette région - la bonne vieille Österreich, qui n'avait aucun complexe d'être l'Empire de l'Est. C'est pourquoi nos nouveaux Européens ne doivent pas non plus avoir de complexes à cause des noms et prétendre à être le centre de quelque chose qui n'existe pas, puisque l'Europe de l'Atlantique jusqu'à l'Oural n'existe tout simplement pas. C'est une amusette des géographes vieux jeu, pas une réalité politique ou économique. Et les nouveaux Européens de l'Est, et les nouveaux non-Européens de l'Est doivent se rendre compte de leur place actuelle dans le nouveau continent qui surgit à nos yeux. Autrefois c'est Constantinople qui fut le centre de la civilisation européenne. Maintenant cela ne signifie plus rien. Bien sûr, l'entrée de nouveaux membres dans l'UE est nécessaire, elle est sanctionnée par le "noyau européen". L'Europe a besoin de nouveaux marchés, de la main d'œuvre. La vieille Europe vieillit de façon catastrophique, la question de la sécurité n'est pas oubliée non plus. Le "noyau européen" est tendrement emmailloté et protégé de tous côtés (malheureusement, le terrorisme moderne n'envisage plus ces zones tampons comme un sérieux obstacle).

Dans ce sens les pays de la Nouvelle Europe de l'Est jouent un rôle inestimable. Ils forment une bande de protection et de développement durable contrôlé par Bruxelles. Ils ne renforcent plus les concurrents de l'UE avec leurs ressources. Ils protègent le "noyau européen" des projets néo-impérialistes de la Russie et des improvisations explosives des Balkans. En même temps, ils isolent le "noyau européen" du front global de la confrontation avec le monde islamique en déléguant les côtés négatifs de cette confrontation aux Américains, aux Israéliens et aux Russes.

L'UE, depuis quelques années, construit et fortifie les nouvelles frontières européennes en se transformant en une "forteresse européenne". En fait, elle réalise le vieux traité de Ribbentrop - Molotov. La nouvelle frontière de l'UE à l'Est reflète de façon très fidèle les intentions de ces vieux géopoliticiens, très prévoyants. Naturellement, (pour rassurer les "nouveaux voisins" et les "nouveaux membres") on parle beaucoup de la "transparence" et du "caractère civilisé" des nouvelles/anciennes frontières. On discute beaucoup sur les problèmes de l'informatique, sur le contrôle électronique de la frontière, de ce fait que la mission civilisatrice à la frontière polono-ukrainienne, compte tenu la corruption, sera confiée aux douaniers allemands (européens). On déclare "l'élargissement de l'espace de la liberté", de "l'espace de la circulation libre".

Il reste pourtant une question à poser – qui en profitera? De toute façon, pas les Ukrainiens. L'Ukraine ( et ce qui pire est, 48 Moi. d'Ukrainiens), comme un territoire empesté, se voit entouré de tous côtés par des murailles de visas. On n'a pas fermé sa frontière avec la Russie, c'est vrai, comme si on la poussait doucement dans le cadre de l'Empire russe. Dans ce sens l'Ukraine est très loin de rappeler maintenant un "nouveau voisin de l'Europe", réjoui par le fait que celles-ci est devenue plus proche, elle rappelle plutôt un rat pris dans un piège. Un rat non européen. Non, bien sûr, lors des banquets mondains nous allons saluer l'élargissement de l'UE, qui est une grande chance pour nous, qui nous rapproche de l'Europe, qui va humaniser et civiliser nos frontières, qui... qui..., etc, etc.