Avec Vladimir Poutine, pragmatique tant en politique intérieure qu'extérieure, s'offre aux Européens la chance d'un nouveau départ dans le dialogue avec la Russie. La "phase romantique" des années 1991-1993 a été suivie d'un refroidissement des relations entre la Russie et l'Ouest. La seconde tentative d'ouverture vers l'Ouest de la part de la Russie depuis 1997 a été interrompue par la crise financière de 1998; la crise iraquienne en 1998 et le conflit du Kosovo en 1999 ont quant à eux pesé sur les relations au niveau politique. Aujourd'hui, Vladimir Poutine s'efforce de redéfinir ses relations notamment avec l'Europe et de faire progresser l'intégration de son pays dans l'économie mondiale en attirant des investissements directs et en se distançant des organisations financières internationales.

Cette intention a été à nouveau confirmée lors du sommet entre la Russie et l'Union européenne au cours duquel le président russe a désigné le système bancaire comme étant le talon d'Achille de son pays. Le souhait de ne pas manquer le train d'un ordre européen de sécurité pourrait ouvrir à l'Union européenne de nouvelles voies de coopération. Néanmoins Moscou est consciente de son importance économique en tant que fournisseur de matières premières et va à l'avenir jouer cette carte de manière renforcée afin d'influencer subtilement l'ordre européen. Certes les tentatives de la part de la Russie de concevoir un nouveau gazoduc contournant l'Ukraine doivent être considérées aussi dans le cadre des droits de transit ^[2] réclamés par l'Ukraine, cependant elles font s'élever en Pologne l'objection que pour des raisons politiques l'Ukraine doit rester intégrée aux structures européennes.

Malgré les intérêts (français et surtout allemands) industriels et malgré le soutien de la Commission européenne, les Européens devraient examiner minutieusement à quoi peut et doit ressembler un partenariat énergétique euro-russe. Certes au niveau politique la Russie pourrait bien tourner son regard vers la Chine, cependant le nouvel intérêt porté à l'Union européenne est évident, ainsi qu'en témoigne les document stratégique russe publié en octobre 1999 en réponse à la stratégie de l'Union européenne. Dans ce document, Moscou se déclare opposée à une adhésion à l'Union européenne, mais plaide en faveur d'une étroite interaction et de la création d'une Europe "sans lignes de partage" ^[3] .