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- Les relations économiques de la France avec la République Fédérale d'Allemagne (1949-1955)
- La mondialisation d'une rive à l'autre du Rhin: le nouveau capitalisme franco-allemand
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L’histoire du groupe chimique et pharmaceutique Rhône-Poulenc
L’histoire de Rhône-Poulenc remonte au début du 19ème siècle. L’entreprise Rhône-Poulenc est née de la fusion des entreprises S.C.U.R (Société chimique des Usines du Rhône) et Poulenc Frères. La S.C.U.R était à l’origine une entreprise de commerce de produits chimiques. Les investissements de plusieurs personnages clés et le développement mondial de l’industrie chimique firent que l'entreprise Gilliard, Monnet et Cartier démarra en 1869 la production de fuchsine, un colorant, et ne cessa de développer ce secteur. Cette entreprise entra, grâce à la production de colorants, dans l’industrie chimique d’une façon semblable à Hoechst (autrefois Farbwerke, déjà cité précédemment) et beaucoup d’autres entreprises à cette époque. L’entreprise Gilliard, Monnet et Cartier fut transformée en société anonyme (Société chimique des Usines du Rhône) en 1895. A la même époque se développait aussi la Société Wittmann et Poulenc Jeune, qui avait été créée en 1858. Cette entreprise se transforma en société anonyme au début du 20ème siècle. Les entreprises Poulenc Frères et Société chimique des Usines du Rhône fusionnèrent en 1928 pour devenir la Société des Usines chimiques Rhône-Poulenc (S.U.C.R.P.) (Cayez 1988: 108 et suiv.). L’entreprise fut transformée en Holding Rhône-Poulenc S.A. en 1961 (Cayez 1988: 219).
Au fil des années la gamme de production des deux entreprises s’élargit et se transforma. Toutes les deux étaient engagées dans la fabrication de colorants depuis leur création. Mais dès la fin du 19ème siècle commença la production de matières de base et de colorants synthétiques. Prosper Monnet développa à l’époque un procédé permettant de synthétiser l’arôme de la vanille naturelle. Le nouveau produit résultant de ce procédé, la vanilline, est aujourd'hui encore l'un des produits phare de l’entreprise (Cayez 1988: 25; Gambrelle 1995: 84).
La fabrication de colorants fut définitivement interrompue au début du 20ème siècle et l’on démarra la production pharmaceutique et de fibres (1908 production d’Aspirine, 1910 de viscose) (Cayez 1988: 95). Les autres produits de pointe de l’entreprise étaient par exemple le nylon (1939), la pénicilline (1943) et le silicone (1953). Nombre de ces produits ne sont cependant pas des inventions de l’entreprise elle-même. Le groupe se montra habile à acheter des brevets, lier des alliances stratégiques et collaborer avec d’autres entreprises pour profiter de ces innovations. Les principaux produits qui furent créés par l’entreprise sont la vanilline et le lance-parfum [1] (Cayez 1988: 25, 51; Gambrelle 1995: 87). Il s’agissait d’un petit flacon de parfum équipé d’un pulvérisateur. Sa petite taille et son nouveau mode de fonctionnement en faisaient une réelle innovation. Le parfum pouvait ainsi être utilisé à tout moment et en tout lieu, ce qui lui valut un grand succès au Brésil au carnaval de Rio de Janeiro (Cayez 1988: 51; Gambrelle 1995: 87).
Les deux entreprises avaient depuis le début du 20ème siècle étendu leurs activités internationales. L’entreprise Poulenc frères entretenait des contacts avec la firme britannique May & Baker et devint majoritaire de celle-ci en 1927. Cela lui permit de s'introduire non seulement sur le marché britannique, mais aussi sur les marchés asiatiques. En 1928, après la fusion, la gamme des produits fut continuellement élargie et les investissements sur les marchés étrangers toujours plus nombreux (Cayez 1998: 68 et suiv.). Rhône-Poulenc investit entre autres de plus en plus au Brésil. L’entreprise connut dans ce pays un réel succès grâce à deux de ses produits : d’un côté avec le lance-parfum, surtout lors du carnaval de Rio (1919, Companhia quimica Rhodia Brasileira) et de l’autre dans le domaine des fibres et du textile (1929, Companhia brasileira de Sedas Rhodiaceta). Rhône-Poulenc était à cette époque, tout comme son homologue allemand Hoechst, très intéressé par le marché nord-américain (Cayez 1988: 103 et suiv.). La première tentative d’implantation sur le territoire nord-américain échoua en 1919 mais en 1948 fut créée la Rhodia Inc. (Cambon 1997: 21 )
Rhône-Poulenc fusionna en 1968 avec de grands groupes francais tels que Péchiney (aluminium), St-Gobain (glaces et verre plat) et Progil (chlore, phosphates, matières synthétiques et pétrochimie) pour former un grand groupe (Cayez 1988: 271). Ce fut pendant longtemps considéré être la plus grosse fusion de l’histoire de la chimie francaise, des entreprises de la chimie fine et de la chimie lourde se retrouvaient ainsi regroupées sous un même toit (Cayez 1988: 279).
L’entreprise fut nationalisée [3] en 1982 et le resta jusqu'en 1993. Le Parti Socialiste, autrefois au pouvoir, détenait une grande partie de actions et nomma de nombreux fonctionnaires d’Etat aux commandes de l’entreprise. L’Etat put ainsi diriger l’évolution sociale de l’emploi et gérer les activités au sein du groupe. Lors de prises de décisions les intérêts des grandes entreprises sur le plan mondial furent ainsi toujours préservés, et lors de fusions on faisait en sorte que l’entreprise reste française (Gambrelle 1995: 108 et suiv.). Ce fut pour Rhône-Poulenc un coup de chance, car le groupe se trouvait à l’époque dans une crise financière. Les subventions de l’Etat furent nécessaires pour pouvoir continuer à utiliser les sites de production devenus obsolètes et investir afin de les moderniser (Gambrelle 1995: 108 et suiv.).
On s’aperçut au début des années 1990 que les investisseurs potentiels étaient réticents du fait de la nationalisation du groupe. C’est pour cette raison que Rhône-Poulenc fut à nouveau complètement privatisé en 1993. L’Etat francais ne garda que quelques actions et se retira presque entièrement des activités de l’entreprise. Avec la privatisation commença pour Rhône-Poulenc une phase de profond changement. Jean-René Fourtou, ancien PDG de Rhône-Poulenc (depuis 1986), misait comme son homologue Dormann (Hoechst) sur le succès par le recentrage des activités centrales du groupe. Lui aussi poursuivait l’idée des Life Sciences. L’entreprise réduisit sa gamme de 160 à seulement 35 produits (Cambon 1997: 21). Mais contrairement au groupe Hoechst, qui lui avait été démantelé, l’entreprise fut profondément restructurée. Certains domaines de production furent rassemblés et en 1998 toute la partie chimie de Rhône-Poulenc fur détachée et placée sous la croupe de Rhodia, société indépendante cotée en bourse. Rhône-Poulenc ne poursuivit ainsi que les domaines dépendant des sciences du vivant, soit l’industrie pharmaceutique et l’agrochimie (Cambon 1997: 20).