- Perceptions: le propre point de vue et celui de l'autre
- Introduction
- La marche à la guerre
- La guerre
- La chute de l'Empire français
- La guerre contre la République française
- L'unité allemande
- L'issue de la guerre
- Perceptions et interprétations
- La Première Guerre mondiale
- La Première Guerre mondiale dans la conscience collective des Allemands et des Français
- Le traité de paix de Versailles - un bilan
- La France et l'Allemagne dans la Deuxième Guerre mondiale
- Travailleurs forcés français en Allemagne (1940-1945)
- Allemands et Français: de la "haine héréditaire" à l'amitié, 1945-1963
- Les relations franco-allemandes de 1945 à 2000
- 40 ans de relations France-RDA
- Vive la République! Marianne comme mythe est-allemand dans le magazine satirique Eulenspiegel
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La guerre contre l'Empire français
Les deux adversaires avaient préparé des plans de stratégie militaire plus ou moins élaborés reposant sur le concept de la bataille d'extermination. L'armée ennemie devait être défaite en une seule grande bataille décisive, qui forcerait l'adversaire à capituler.
En France, le branle-bas de combat fut cependant différé à la suite de problèmes de coordination et de ravitaillement. L'offensive attendue sur l'Allemagne du Sud ne put donc avoir lieu. Le général prussien Moltke [1] avait le commandement des troupes du côté allemand. Sa réputation de "stratège militaire génial" ne correspond que partiellement à la réalité. Moltke ne réussit pas à déclencher "l'unique bataille décisive" que prévoyait son plan de guerre. En fait, aucune des grandes batailles qui ont causé tant de pertes au début de la guerre n'a vraiment été planifiée, mais a bien plutôt résulté d'une confrontation fortuite avec les troupes adverses ou de décisions arbitraires prises par des généraux. C'est ainsi que le 4 août, les troupes allemandes et françaises se retrouvèrent plutôt par hasard face à face à Wissembourg. Deux jours plus tard, le 6 août, la bataille de Wörth/Froeschwiller [2] fut livrée sans que les commandants en chef allemands et français aient vraiment voulu le combat. Le même jour, les soldats allemands et français se trouvèrent confrontés à Spicheren, en Lorraine, où ils se livrèrent la bataille sans doute la plus imprévue de toute la guerre. Les généraux commandant la IIe armée allemande attaquèrent de leur propre initiative des troupes françaises nettement supérieures aux leurs. Plus d'un cinquième des soldats allemands furent blessés ou moururent sur le champ de bataille (4.300 sur un effectif total de 20.000). Les Français invaincus cessèrent finalement le combat, en toute méconnaissance de la situation. Il ne s'agit pourtant pas d'une vraie victoire allemande, puisque les Allemands n'ont pas réussi à encercler et à écraser les troupes françaises. Les premières batailles révèlent ainsi la spécificité de cette guerre: une confrontation où l'on risque le tout pour le tout, sans plan précis, laissant faire le hasard, au prix de la vie des soldats.
Après les premiers combats, les armées allemandes avaient envahi le territoire français et empêchaient la jonction des troupes françaises. A l'issue de sanglants affrontements à Vionville, Mars la Tour, Gravelotte et Saint Privat (16-18 août), qui se soldèrent pour les troupes allemandes, attaquant de front avec leur cavalerie et leur infanterie, par de considérables pertes (les soldats montaient à la charge en colonnes, affrontant la mitraille meurtrière des lignes françaises), les troupes du maréchal Bazaine furent refoulées vers Metz, où elles furent encerclées. L'Allemagne perdit plus de 40.000 hommes. Face à ce lourd bilan, le roi de Prusse Guillaume Ier lui-même se vit contraint d'émettre un ordre (21 août) : "J'exprime mon entière reconnaissance à l'infanterie pour sa courageuse attaque, mais j'attends désormais des officiers qu'ils mettent toute leur intelligence à vaincre l'ennemi au prix de moindres pertes." Les télégrammes officiels annonçant les victoires ne mentionnaient évidemment pas les lourdes pertes.
L'Empereur Napoléon III se trouvait auprès du reste de l'armée française, commandée par le maréchal de Mac Mahon [3] . L'armée tenta de débloquer les troupes enfermées dans Metz, mais fut refoulée vers Sedan, où elle finit par capituler le 2 septembre 1870 après des combats acharnés.
Avant de partir en captivité pour le château de Wilhelmshöhe, à Kassel, l'Empereur rencontra Bismarck à Donchéry (Doc. 3 [4] ). Cette rencontre fit l'objet en Allemagne de nombreuses illustrations qui constituèrent rapidement un élément important de l'iconographie du nouvel Empire allemand.
Napoléon III et Otto von Bismarck à Donchéry (Doc. 4 [5] )
Pendant les 46 premiers jours de guerre, 77.000 soldats allemands et 62.500 soldats français moururent ou furent blessés au combat.