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Thèse 6
La tentative de la Nouvelle Gauche non-communiste de définir dans ce contexte une propre ligne politique se solde par un échec.
La Nouvelle Gauche ne parvient pas à résoudre la relation conflictuelle entre sa propre identité en tant que mouvement qui mobilise par des actions et reste attaché à l'autonomie de la base, et la contrainte, due aux circonstances, de coordonner les actions et de rassembler les intérêts divergents, pour les conduire vers un but politique. Elle ne développe pas de conception politique d'action. Elle se divise en défenseurs d'une mobilisation démocratique de base de groupes d'action, qui veulent se relier entre eux et se coordonner au niveau national sur le modèle démocratique des conseils, et les partisans de la fondation d'un nouveau parti de gauche. Seule une minorité reconnaît - trop tard - l'option proposée par Pierre Mendès France [1] et le petit PSU, influencé par les idées de la Nouvelle Gauche, consistant à intégrer des représentants du mouvement dans un gouvernement de transition et à organiser de nouvelles élections. 20 ans plus tard, Daniel Cohn-Bendit dira que Mendès France représentait alors l'unique chance: "Nous aurions dû nous-mêmes proposer des élections, avancer le nom Mendès France".
Mais c'est précisément à cette "chance" que le parti communiste français [3] (PCF) s'oppose farouchement. De même que la CGT rejette l'idée d'autogestion, le PCF met tout en oeuvre pour bloquer le projet d'un gouvernement de transition dirigé par Mendès France. La gauche réunie sous la direction de François Mitterrand [4] , la Fédération de la Gauche Démocratique Socialiste (FGDS), ne l'appuie pas inconditionnellement. Les divergences de vue entre la Nouvelle et la vieille gauche empêchent la formation d'une opposition de gauche unique contre le gouvernement gaulliste. Le changement de pouvoir, possible en cette fin du mois de mai, dans ce contexte de grave crise politique, ne se réalise finalement pas. La grande action menée parallèlement par les étudiants et les ouvriers, qui a ébranlé la société française et fait vaciller le régime gaulliste, finit par se décomposer. Le lien que forme les idées de la Nouvelle Gauche est encore trop ténu, et les intérêts organisés de la "vieille gauche" réussissent à s'imposer.
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Notes
(16) "Wir hätten selbst Wahlen vorschlagen und den Namen Mendès France vorwärtsbringen müssen." Zit. nach H. Hamon, P. Rotman, Génération, Vol. 1, Les années de rêve, Vol. 2, Les années de poudre, Paris 1987, 555.