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'L’industrie automobile dans la région frontalière sarro-lorraine '
 
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L’industrie automobile dans la région frontalière sarro-lorraine

Dans des régions qui connaissaient un déclin industriel, l’industrie automobile a souvent construit, dans les dernières trente à quarante années, de nouvelles usines de montage automobile ou de nouvelles filiales, non seulement grâce aux aides de l’État, mais aussi grâce à d’autres avantages liés au site tels qu'un bon équipement infrastructurel et la présence d’une main-d’œuvre compétente. Dans ces régions beaucoup d’entreprises fournisseurs de l'industrie automobile sont apparues en même temps.

Ceci vaut également pour les deux régions minières de la Sarre et la Lorraine, où au cours des quarante dernières années respectivement environ 80.000 emplois ont disparu rien que dans l'industrie minière, sidérurgique et métallurgique. Dans ces deux régions l’industrie automobile a joué un rôle primordial dans la restructuration économique. En Sarre, à la fin des années 60, une usine automobile du groupe Ford a été construite sur le site de Sarrelouis. Dans le village lorrain de Hambach à proximité de la frontière franco-allemande, l’usine de montage Smart a commencé son activité il y a quelques années seulement. Dans ce cas précis, il s'agit ici d’un partenariat (joint-venture) entre Daimler-Benz et Swatch, dirigé aujourd’hui par MCC (Micro-Compact-Car), qui est elle-même une filiale à 100% du groupe Daimler-Chrysler.

Fig. 10

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec environ 150 exploitations (dont environ 50 en Sarre et 100 en Lorraine), dont la plupart sont des filiales d’entreprises qui n'ont leur siège ni en Sarre, ni en Lorraine (cf. illustration 10), et au total environ 67.000 employés dont environ 35.000 en Lorraine (d’après les données du Conseil Economique et Social de Lorraine (2000, page 98) seulement environ 20.000 postes) et 32.000 en Sarre (Geppert 2000; EURES-Transfrontalier [1] / INFO-Institut 2000), cette branche occupe dans les deux régions une position privilégiée et a surpassé, de loin, les secteurs traditionnels de l'industrie minière, sidérurgique et métallurgique en ce qui concerne le chiffre d’affaires, l’emploi et la contribution au PNB, de telle sorte que la Sarre ou la Lorraine ou parfois aussi les deux réunies, sont appelées "région de l’automobile". Cette image de marque se propage aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la région.

Ce développement de l’industrie automobile va de pair avec un changement profond dans l’espace et l’organisation des rapports de production. Comme éléments essentiels de ce changement, nous pouvons nommer:

  • l’internationalisation-européisation croissante des relations avec les fournisseurs (supply chains),
  • l’introduction de programmes appelés "programmes de production légers" (Iean production),
  • la désintégration verticale de la production au moyen de ce que l’on appelle l'externalisation (outsourcing)
  • la hiérarchisation des fournisseurs, tout en faisant la distinction entre, d'une part, les fournisseurs de composants ou de systèmes dits "de premier rang" (first-tier) qui en général livrent à long terme des composants de systèmes complets pour toute une génération de modèles, sont intégrés dès le début dans le développement de modèles, dans la planification et l’organisation du processus de production et qui occupent ainsi une position stratégique importante, et d'autre part les fournisseurs de pièces détachées dits "de second rang" que l’on peut remplacer à court terme,
  • le développement de nouveaux concepts techniques et logistiques just-in-sequence, c’est-à-dire la livraison des composants, au moment et dans l'ordre précis voulus, pendant le processus de montage même et ce par l’intermédiaire de fournisseurs de systèmes établis à proximité immédiate, ainsi que
  • de nouvelles formes de relations de travail, comme par exemple le travail en groupes

Afin de pouvoir répondre aux grandes exigences de la production "en juste-à-temps", c’est-à-dire de la livraison en temps et en heure des pièces et des composants dans les usines de montage de véhicules, il s’est opéré une concentration des principaux fournisseurs autour des usines de montage, en partie organisés en propres parcs (cf. ci-dessous). Cette concentration dans les deux régions, leurs similitudes au niveau de la structure économique, ainsi que leur passé historique commun mouvementé en tant que régions frontalières pourraient laisser supposer que les industries automobiles situées de part et d’autre de la frontière entretiennent entre elles des relations étroites et ont développé des systèmes de production communs. Nous devons maintenant vérifier cette hypothèse en considérant les différences et les points communs concernant les cultures de l’entreprise, de production et de travail, à l’aide de l’exemple des deux sites de montage automobile: l’usine Ford Sarrelouis avec le Ford Supplier Park et la MCC/Smartville (illustration 11).

Fig. 11