Première question et premier défi: l'Europe peut-elle porter un projet de mondialisation-solidarité et l'éducation qu'un tel projet implique ? D'un côté l'Europe est aujourd'hui partie prenante de la globalisation néo-libérale, dont elle tire profit, elle est dans le camp des dominants. Mais, d'un autre côté, l'Europe est aussi un espace à traditions culturelles anciennes, fortement ancrées, plurielles - espace qui, par ailleurs, est ouvert sur d'autres aires géoculturelles, notamment à l'Est et au Sud. II y a la une tension, qui déjà travaille l'Europe et continuera probablement à la travailler.

Deuxième question et deuxième défi: l'Allemagne et la France, qui ont porté la dynamique européenne économique et monétaire, peuvent-elles dans 1'avenir porter une dynamique culturelle et éducative ?

Troisième question et troisième défi: que voulons-nous transmettre aux jeunes Européens pour qu'ils se construisent: comme êtres humains, ouverts sur d'autres espaces que l'Europe, comme européens et membres d'un pays (d'une nation, d'une région), comme sujets liés à d'autres sujets ?

Si l'Europe continue à se penser essentiellement comme un vaste marché économique, sans frontières internes, de telles questions n'ont pas lieu d'être. II suffit alors de répondre à une seule question, d'ailleurs elle aussi légitime: comment l'éducation peut-elle contribuer au développement économique et social ? Mais si l'Europe garde l'ambition d'apporter quelque chose au monde, comme elle l'a fait jadis, quelque chose de non monnayable financièrement, alors elle devra se poser ces questions et relever ces défis.