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- Allemagne - France - Europe de l'Est : dimensions historiques et nouvelles options
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- Les poids lourds français en première ligne
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L'élargissement du marché national allemand
L'engagement allemand est différent. L’économie allemande considère l'Europe de l'Est comme un élargissement de son marché national, en tant que proche voisin où elle a été présente pendant des siècles, même si la cohabitation ne fut pas toujours des plus harmonieuses, et où elle est tout simplement revenue. Ce retour s'effectua non en tant que colonisateurs au service de Marie-Thérèse et encore moins en tant qu'agresseurs au nom de l'espace vital allemand, mais avec (quasiment) le même but que la plupart des Allemands depuis mille ans d'histoire d'Europe de l'Est: en qualité de marchands et d'un certain point de vue comme porteurs des valeurs européennes et occidentales. Une nouvelle Hanse est en train de se former, le noyau étant composé d'un étroit réseau de partenariats, qu'ils soient au niveau politique, commercial, technologique, des collectivités ou tout simplement, mais toujours de manière très efficace, au niveau associatif.
Analysons l'exemple polonais. La France possède sur place ses institutions classiques: ambassade, consulats, écoles, missions économiques et chambre de commerce et d'industrie. Les Allemands ont quant à eux plus encore, entre autre les nouvelles associations régionales d'entraide aux entreprises qui se sont installées sur place. Il existe par exemple le Forum germano-polonais de Pologne du Sud (DPFS [1] ) avec filiales à Cracovie, Katowice et Opole ou le Forum Européen [2] de Breslau qui accueille les entreprises allemandes et polonaises. On s'organise ainsi les uns avec les autres, on crée des contacts, on regroupe des informations. Les associations servent aussi d'interlocuteur commun pour les dirigeants régionaux et communaux. Le DPFS a également introduit les formations en alternance en Pologne du Sud. Il contribue ainsi au comblement des lacunes du système polonais, du moins du point de vue régional. De plus a également commencé une intéressante et prometteuse régionalisation de la chambre de commerce germano-polonaise de Varsovie ayant pour but la création de cinq nouveaux bureaux à Katowice, Breslau, Dantzig, Poznan et Szczecin. Les entreprises allemandes désirant s'installer en Pologne peuvent compter sur l'aide de la société de soutien du développement économique germano-polonaise [3] de Gorzow, tout comme sur les représentants des Länder, qui s'aident mutuellement en se partageant les tâches par secteurs (chantiers navals, automobile, acier, etc.).
Fig. 3
Le forum européen de Breslau est depuis le printemps 2003 une association à but non lucratif de droit polonais. Il s'agit d'un réseau au service des entreprises déjà présentes sur le marché polonais. De plus, il met son expérience à la disposition de ceux qui seraient intéressés par un engagement en Pologne. Les entreprises polonaises sont ainsi soutenues dans leurs prises de contacts et dans leur accès au marché allemand.
Source Internet
Analysons la situation en Hongrie: le pays est un excellent exemple de longues années de travail politique, social et culturel fourni par l'Allemagne qui sert admirablement bien les relations économiques entre l'Allemagne et la Hongrie. Le programme de transformation Transform-Programm [4] mis en place par le gouvernement fédéral a financé depuis 1989/90 des centaines de projets pour un montant avoisinant les 260 millions d'Euros. Il s'agissait alors d'aider la privatisation de l'économie, de renforcer la compétitivité des PME hongroises, de former les fonctionnaires en vue de l'entrée dans l'Union Européenne ou par exemple de coordonner les aides financières internationales chez le Premier ministre. La première université germanophone d'Europe de l'Est depuis la seconde guerre fut inaugurée dans la capitale (Université Andrassy [5] ), ainsi que le Collegium Budapest [6] dans le domaine de la recherche scientifique.
Les minorités allemandes jouent un rôle important, que ce soit en Hongrie, Pologne ou Roumanie: les 62.000 Hongrois d'origine allemande, partageant leur langue et leur culture, offrent une formidable réserve de main-d'oeuvre aux entreprises allemandes sur place. Ceci vaut également pour les 300.000 Polonais qui disent appartenir au peuple allemand et qui possèdent souvent la double nationalité. Ces minorités ont aujourd'hui moins de difficultés à financer leurs écoles ou du moins à créer des sections germanophones dans les écoles déjà existantes. Tous ceux-ci sont des éléments décisifs pour un investisseur allemand dans le choix d'un site. Ce n'est pas un hasard si beaucoup d'entreprises allemandes choisissent Timisoara ou la Transylvanie quand elles désirent s'installer en Roumanie: on trouve plus facilement une main-d'œuvre germanophone dans cette région que par exemple à Bucarest.
Les entreprises françaises peuvent, il est vrai, rencontrer les beaux restes de l'ancienne splendeur de la langue et de la culture française en Pologne et en Roumanie. L'anglais menace cependant toujours plus le français et l'allemand fait son retour comme deuxième langue – voire même à nouveau comme en tant que lingua franca – pour remplacer le français (comme avant la guerre) ou le russe (comme après la guerre). La France pourrait être tentée de se cacher derrière cette situation pour justifier son retard en Europe de l'Est, même vis-à-vis de pays bien plus petits. Mais ce serait trop facile. L'économie allemande est beaucoup plus présente en Europe de l'Est, ce qui fait la grande différence entre les deux pays. Les grands groupes allemands ont fait des investissements de premier plan: Deutsche Telekom est l'actionnaire principal des télécommunications hongroises (Matav) et croates, ainsi que du plus grand groupe de téléphonie mobile polonais PTC. Allianz est devenu l'assureur étranger le plus important d'Europe de l'Est. Volkswagen détient grâce à Skoda le primat dans la région. Le groupe de Wolfsburg est depuis le début le plus gros investisseur en Slovaquie, Audi est un des plus importants en Hongrie. Eon et RWE mènent un combat acharné contre EDF et GDF pour obtenir les meilleures places, souvent couronné de succès. Metro devance bien souvent ses concurrents dans le domaine commercial dans de nombreux pays.