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'Les guerres de la Révolution'
 
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Les guerres de la Révolution

Avant sa dissolution, la Constituante avait décidé, sur requête de Robespierre [1] , que ses membres ne pourraient pas être élus pour faire partie de la nouvelle Assemblée Législative. Cette mesure eut pour conséquence que les mouvements de droite, qui n'étaient pas encore véritablements structurés en partis, au sens moderne du terme, perdirent en influence, tandis que les mouvements de gauche gagnèrent en importance. Cette évolution se fit aux dépens des Feuillants, de tendance monarchiste, et renforça tout d'abord tout particulièrement le pouvoir des Girondins [2] , mouvement dominant de l'Assemblée Législative, dont les chefs, Roland, Vergniaud et Brissot, caressaient déjà l'idée de remplacer la monarchie par la république. Mais un autre mouvement commençait également à se profiler: celui des  Montagnards [3] radicaux républicains - ainsi appelés, parce qu'ils occupaient à l'Assemblée les rangs situés tout en haut de la salle plénière, donc sur la "montagne" -, dont les chefs, Desmoulins, Danton, Marat et Robespierre, se firent de plus en plus remarquer. Et au sein même du groupe des Montagnards se profilaient aussi déjà, autour de Danton et de Robespierre, des mouvances extrémistes, les clubs [4] des Cordeliers [5] et des Jacobins [6] , qui devaient bientôt mener la Révolution à son paroxysme. Mais les Girondins dominèrent tout d'abord la scène révolutionnaire, s'engageant dans une politique qui aboutit au printemps 1792 à la guerre entre la France et l'Autriche ainsi que la Prusse, donc à la confrontation de la Révolution avec les vieilles puissances européennes.

Il était dans la nature des nouvelles idées de la Révolution de se propager, au-delà de la France, dans l'Europe toute entière, où elles s'entrechoquèrent avec les idées conservatrices en un conflit de principes qui portait en lui la menace d'une guerre. Certes, les gouvernements des puissances européennes avaient éprouvé un certain contentement lorsque la Révolution avait éclaté, car les événements révolutionnaires avaient entraîné un affaiblissement de la France qui donnait toute marge de manoeuvre à l'Angleterre dans sa guerre économique contre l'Espagne, ainsi qu'aux trois États d'Europe de l'Est, l'Autriche, la Prusse et la Russie, en Pologne, qui subit en 1793 et 1795 son deuxième et troisième partage. Mais il s'avéra bientôt que la rapide dépossession de pouvoir imposée à la royauté française représentait une menace pour l'Europe conservatrice. La Prusse, l'Autriche et la Russie restèrent cependant tout d'abord uniquement sur la défensive, même si la déclaration de Pillnitz, adressée au monde le 27 août 1791 par l'Empereur Léopold II et Frédéric Guillaume II de Prusse en faveur de Louis XVI, était teintée d'un certain avertissement. Mais cette déclaration fut immédiatement déformée par les émigrés français dans le sens de leurs désirs, ce que les partisans de la guerre surent exploiter en France à des fins de propagande.

Durant la Première Guerre de coalition, la France déclara la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792. Une invasion précipitée de la Belgique échoua cependant en raison des effectifs insuffisants de l'armée française. Les Prussiens, qui s'étaient alliés à l'Autriche, refoulèrent alors les Français hors de Longwy et de Verdun. Les troupes françaises, placées sous le commandement de Kellermann et de Dumouriez, réussirent pourtant à forcer les Prussiens à battre en retraite, par la fameuse canonnade de Valmy, qui représenta un tournant de cette Première Guerre de coalition. Les troupes révolutionnaires françaises passèrent alors à l'offensive et battirent les troupes de la coalition anti-révolutionnaire. Goethe dira de cet événement: "Ici et maintenant commence une nouvelle époque de l'histoire universelle et vous pourrez dire que vous y étiez." (tableau de Jean-Baptiste Mauzaisse, 1835)

Source Internet [7]

Le traité de Reichenbach [8] conclu en 1790 entre la Prusse et l'Autriche était également de nature défensive, puisqu'il pouvait servir aussi bien contre la Russie que contre la France. Mais il avait été exploité en France par les Girondins pour déclencher une psychose de guerre. Ces derniers voulaient la guerre, pour détourner le peuple des problèmes internes et arracher la Révolution à la lassitude et à l'apathie qui menaçaient de s'emparer d'elle. Les sympathies de la nation française allaient alors à la Gironde; le chef girondin Brissot exerçait une grande influence sur la politique étrangère, car la grande majorité des Français haïssaient toujours l'Autriche, malgré l'alliance de 1756, à travers la personne de la reine Marie Antoinette [9] , "l'Autrichienne". Louis XVI se déclarait lui aussi en faveur de la guerre, car il en espérait une amélioration de sa situation, qu'elle qu'en soit l'issue. La France était donc placée sous le signe de la guerre, qu'elle finit par déclarer le 20 avril 1792 au "roi de Bohême et de Hongrie", tandis que la Prusse se rallia tout de suite à l'Autriche. C'est à cette époque que Rouget de Lisle compose à Strasbourg un chant de guerre destiné à l'armée française du Rhin, la "Marseillaise [10] ", qui deviendra par la suite l'hymne national des Français. Une lutte sanglante opposant des visions du monde se déchaîne alors, qui ne s'achèvera que 23 ans plus tard, après avoir tout bouleversé sur son passage.

Rouget de Lisle composant la Marseillaise. Tableau d'Auguste Pinelli (vers 1875)
Source Internet [11]

Au début, les opérations militaires prirent un très mauvais tour pour la France. Les armées austro-prussiennes envahirent le nord-est du pays, et tout semblait indiquer que le duc de Brunswick, leur commandant en chef, allait réaliser ce qu'il avait menacé d'accomplir à Paris contre les révolutionnaires dans son manifeste du 25 juillet 1792. C'est alors que la canonnade de Valmy, qui fit battre les Prussiens en retraite le 20 septembre 1792, apporta le tournant décisif. Ce succès stratégique revigora les armées françaises; les exhortations passionnées par lesquelles Danton [12] en appela au tout nouveau sentiment national de la Révolution - avant tout sa fameuse déclaration du 11 juillet "La patrie est en danger!" - enflammèrent l'enthousiasme patriotique des Français, qui répondirent en si grand nombre à la "levée en masse" décrétée par le ministre de la Guerre, Carnot, le 23 août 1793, que la France disposa bientôt de 14 armées postées à ses frontières. Le concept, né du mouvement révolutionnaire, d'un service militaire [13] obligatoire, ainsi que le développement d'une toute nouvelle stratégie militaire, semblèrent donner rapidement à ces armées une telle supériorité sur les troupes ennemies qu'elles se virent bientôt en mesure d'imposer à d'autres pays des revendications telles que l'obtention des "frontières naturelles" (à savoir avant tout la ligne du Rhin), la "liberté, égalité, fraternité" et la "libération des opprimés". La nouvelle idéologie humanitaire de cette Révolution, qui se voulait cosmopolite, prit la forme d'une offensive militaire dirigée contre l'Europe conservatrice, et tout d'abord contre l'Allemagne.

La Marseilleise

1. Allons enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L'étendard sanglant est levé, (bis)
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils et vos compagnes !

Refrain
Aux armes, citoyens, Formez vos bataillons,
Marchons, marchons ! Qu'un sang impur
Abreuve nos sillons !

2. Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
Français, pour nous, ah ! quel outrage
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage! Refrain

3. Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers !
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées! Refrain

4. Tremblez, tyrans et vous perfides
L'opprobre de tous les partis,
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
Tout est soldat pour vous combattre,
S'ils tombent, nos jeunes héros,
La terre en produit de nouveaux,
Contre vous tout prêts à se battre! Refrain

5. Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups !
Epargnez ces tristes victimes,
A regret s'armant contre nous. (bis)
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais ces complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui, sans pitié,
Déchirent le sein de leur mère! Refrain

6. Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire! Refrain

7. Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus,
Nous y trouverons leur poussière
Et la trace de leurs vertus (bis)
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre. Refrain

Source Internet: Texte [14] / Image [15]