- L'Europe une et divisée: regards historiques sur la politique européenne au début de l'ère moderne
- L'Europe des régions du point de vue géographique
- Remarque préliminaire
- La Mitteleuropa : une notion diffuse
- L'idée de la germanisation comme maxime de l'action politique
- La pérennité de la pensée d'une Grande Allemagne
- L'intensification des interdépendances économiques
- La Première Guerre mondiale et l'idée de la Mitteleuropa
- Friedrich Naumann et l'idée de la Mitteleuropa
- La menace orientale de la Mitteleuropa
- A propos de frontières et de délimitations
- Dimensions européennes de la coopération économique
- La France et l'Allemagne dans le système international
- L'élargissement de l'Union européenne vers l'Est
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Remarque finale
Dorénavant, l'idée de la Mitteleuropa survivait, tout au plus en vague relation avec une renaissance de la conception d'une Grande Allemagne. Avec l'effondrement de la Monarchie danubienne fin 1918 et la création de plusieurs Etats nationaux souverains sur le territoire de l'ancien empire, les conditions favorables aux nombreux plans, qui était liés en Allemagne et en partie aussi en Autriche-Hongrie à la notion de Mitteleuropa, avaient largement disparu. Friedrich Naumann fit à l'époque ses "adieux provisoires" à la Mitteleuropa, à laquelle dans un premier temps, aucune place ne fut donnée dans les combats à venir et les querelles. Mais, il déclara, dans une interprétation toutefois quelque peu édulcorée de ses propres écrits des années de guerre, que l'idée fondamentale de "la Mitteleuropa" n'était en aucun cas abandonnée : "La Mitteleuropa était destinée, en tant qu'organisme supranational, à faire diminuer les luttes des nationalités entre elles et faire fructifier l'économie. La Mitteleuropa devrait être créée comme soutien et garantie de l'ordre et de l'efficacité pour que nous ne tombions pas dans cet état d'effritement et de dissolution par lequel nous devons maintenant probablement passer." (48)
Toutefois, de telles réflexions restèrent tout d'abord sans écho. Seul un reste d'enthousiasme pour la Mitteleuropa survécut dans l'euphorie avec laquelle l'alliance de l'Allemagne et de l'Autriche en 1918/19 envisagée avait été accueillie. Gustav Stresemann déclara en décembre 1918 dans un discours à Osnabrück : "Si nous arrivons, ... à nous lier les Autrichiens allemands, alors ... nous aurons une grande masse de 70 millions d'Allemands qui correspond à la pensée du vieux Bismarck : Nous sommes là tel un bloc compact au milieu de l'Europe que personne ne peut éviter." (49) Mais cette position fit bientôt place à une attitude plus pragmatique.
Fig. 21
La politique national-socialiste, découlant fortement de l'idée de la "race des maîtres germanique", ouvrait une nouvelle dimension de "l'idée de la Mitteleuropa", avec les lourdes conséquences connues pour l'Europe et le monde.
Source Internet [1]
La politique national-socialiste - elle ne sera pas exposée ici de manière détaillée - mena à une déconsidération définitive des différentes variantes allemandes de la politique de la Mitteleuropa et, en même temps, de l'idée de la Mitteleuropa en tant que telle. Celle-ci fut toutefois utilisée pour justifier la suprématie de la "race des maîtres germanique" en Europe avec les lourdes conséquences connues pour l'Europe et le monde. Aujourd'hui, l'heure est peut être venue de se souvenir de la plus ancienne variante universaliste de l'"idée de la Mitteleuropa" et également de ses variantes tout aussi libérales, après qu'il est devenu évident que l'"Etat national homogène", répressif à l'intérieur et agressif à l'extérieur, a conduit à la catastrophe des deux guerres mondiales (50). On réussira peut-être sur cette base à construire, non seulement un nouvel ordre supranational en Europe orientale et du Sud-Est, mais une nouvelle Europe qui se fondera, dans le cadre d'un système démocratique, sur le respect des particularités nationales de toutes les nations européennes.
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Notes
48. Vorläufiger Abschied, Artikel vom 24. 12. 1918, in: Naumann, Werke Band2, S. 975 f.
49. Andreas Hillgruber, Das Anschlussproblem (1918-1945) aus deutscher Sicht, in: Robert A. Kann, Friedrich Prinz (Hrsg.), Deutschland und Österreich. Ein bilaterales Geschichtsbuch, München 1980, S. 161-178, hier S. 164.
50. Vgl. György Konräds Rede auf der Buchmesse, Frankfurter Allgemeine Zeitung vom 14. 10. 1991, S. 12: Sondermeinungen eines Urlaubers.